via lesechos.fr par Nathalie SilbertDéterminé à ne pas céder de terrain à l'iPad, le premier libraire en ligne lance une nouvelle gamme de Kindle, avec un premier prix très agressif de 139 euros. L'accord d'exclusivité passé avec l'agent Andrew Wylie sème le trouble.
Deux mille titresAmazon fait feu de tout bois. En dix jours à peine, le premier libraire en ligne du monde vient de conclure deux initiatives pour asseoir sa suprématie sur le marché du livre numérique. Le 22 juillet, il a annoncé un accord avec l'un des grands agents littéraires, Andrew Wylie, qui lui assure pendant deux ans la vente exclusive des versions numériques de 20 oeuvres importantes de la littérature moderne, avec des auteurs comme John Updike, Philip Roth, Salman Rushdie, Saul Bellow ou V.S. Naipaul.Pour ne pas laisser l'iPad d'Apple tailler des croupières à sa liseuse, le Kindle, il a dévoilé la semaine dernière une nouvelle gamme de Kindle qui sera proposée dès le 27 août à des prix très agressifs, à partir de 139 dollars. Le modèle le moins cher permettra de télécharger des ouvrages numériques (e-book) à condition de disposer d'une connection Wi-Fi. Le second modèle, à 189 dollars, sera équipé d'une connexion 3G qui permettra de télécharger des livres n'importe où. En abaissant le prix d'entrée de sa machine, Amazon cherche clairement à élargir son marché. Il y a dix jours, Jeff Bezos, le PDG d'Amazon, avait indiqué que depuis que le modèle classique du Kindle était vendu 189 dollars au lieu de 259, les ventes avaient triplé.
Alors qu'Apple avait déjà commercialisé 3,3 millions d'iPad à fin juin, soit trois mois après son lancement, Amazon n'a, lui, jamais dit combien de Kindle il avait vendus. Seule certitude : les ventes de livres numériques explosent aux Etats-Unis. Elles représenteraient désormais autour de 8,5 % d'un marché du livre américain plutôt en petite forme. Sur ce terrain aussi, Amazon entend montrer qu'il est incontournable, quitte à bousculer le monde de l'édition américaine. Depuis huit jours, l'accord conclu par le géant américain avec Andrew Wylie provoque des réactions en chaîne. S'il ne concerne que des titres publiés avant 1990, pour lesquels les droits numériques n'avaient pas été négociés, ce partenariat ouvre la voie à des pratiques nouvelles. Court-circuitant les éditeurs traditionnels des romanciers concernés pour passer en direct un accord avec Amazon, Andrew Wylie a créé une structure spécifique, Odyssey Editions, pour cette nouvelle activité. Dans un entretien donné au « Financial Times » en ligne jeudi dernier, il déclare avoir cherché pendant neuf mois à négocier avec les grands groupes d'édition traditionnels les droits papier et numérique. Sans parvenir à trouver un compromis acceptable. Si les éditeurs refusent de payer davantage pour les droits numériques, « Odyssey se développera. Ce ne seront pas 20 titres mais 2.000 qu'elle exploitera », a-t-il indiqué, se disant dit prêt à ouvrir le capital de la société à des partenaires et à y accueillir d'autres agents.
Outre-Atlantique, l'accord conclu par Andrew Wylie et Amazon provoque un vif émoi. Random House, le premier éditeur aux Etats-Unis, a déjà fait savoir qu'il ne traiterait plus avec « un agent qui se pose en concurrent ».
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